Res publicae
Entre la souplesse de la démocratie et l’exigence de la loi, il y a pour tout Etat digne de ce nom un cap indispensable à tenir. Entre, en effet, d’une part, une flexibilité inconditionnelle et, de l’autre, une raideur aveugle, les joies de l’Etat de droit se vivent à la folie ou se subissent à mort. C’est, en somme, deux gouts opposés aussi acides qu’amers d’un calice plein nommé raison d’Etat.
En clair, dans une démocratie, la liberté d’agir, de s’opposer, de s’exprimer est presque absolue. Je dis bien presque, car celle-ci est conditionnée par le respect de la loi et de l’intérêt général. Cependant, pour assurer que son barnum n’écrase de son boucan le fragile fil de l’ordre républicain, le couperet de la loi doit impitoyablement tomber dès que cela est nécessaire.
En fait, tout le savoir faire d’un peuple qui se veut démocratique se mesure à sa capacité de bien doser dans le calice de la raison suprême ces deux incompatibilités tant gustatives que philosophiques au demeurant.
Pour ce dernier, les deux acteurs principaux, Pouvoir et Opposition, se doivent de se rencontrer en un point médian, de préférence le juste milieu, afin de s’en abreuver jusqu’à la lie.
Autant dire que chacun se doit de jouer son rôle pleinement. L’Opposition est sommée de s’organiser autour d’un réel projet politique inscrit dans la durée. Qu’elle ait de la patience, de la cohérence et, plus important encore, qu’elle évite de recycler tous les caciques des régimes déchus. Qu’elle sache en clair que l’opposition à la personne du Président Aziz n’est pas en soi un projet politique pour la Mauritanie et surtout qu’il ne suffisse pas de battre le macadam pour que cela se réalise.
Quant au Pouvoir, les exigences sont multiples. De l’exemplarité et l’éloignement du népotisme en passant par la maitrise sur les proches, toute fausse note dans ce registre représente une énorme régression sur le chemin de la bonne gouvernance. Une fois encore, ceux qui, les premiers, décrédibilisent un Système sont bien ceux qui, de l’intérieur, s’y trouvent. C’est, en définitif, pour les deux protagonistes, le même exercice, o combien difficile dans nos contrées désertiques, celui de séparer clairement entre le public et le privé en comprenant mieux le principe res publicae.