Allahou Akhbar, le Kalachnikov et Zola

Publié le par Cide

Le verbe est à la fois le fidèle supplétif de l'action et son seul exorciste. De ce fait tout ce qui ne se dit en mot, s’exprime forcement en violence. Autant dire que ce que les gorges ne peuvent psalmodier en parole, les canons crachent en rafale.

Dès lors rien d’étonnant que, de nos jours, les cris d'Allahou Akhbar et les crépitements des balles concomitent. Au point que beaucoup ont désormais du mal à les séparer ou même à en entrevoir les dépendances.

Pourtant la vérité est claire. Elle est que la pratique religieuse fut fortement combattue par les régimes permissifs au nom d'un progressisme de façade, cache misère de leur médiocre vice sociopolitique.

Depuis ces deux mots, les plus répétés en prière, sont devenus hautement suspicieux. Et peu de gorges osaient lever la voix pour les crier. Les rafales des kalachnikovs s'en sont alors chargés. L'explosion de la vérité enfermée sous terre dont nous parlait justement jadis Émile Zola.

Preuve nette que c'est toujours l’oppression sociale qui engendre la violence politique. Il se trouve cependant que cette dernière, une fois qualifiée de terrorisme, perd sa raison d’être et sa mémoire propre.

Autant dire que plus personne n'ose expliquer ses ressorts, quand bien même comprendre n'est pas forcement justifier. Du coup ses auteurs ou ses partisans deviennent des êtres essentiellement barbares ou sanguinaires.

Déshumanisés alors, la répression qui s’abattra sur eux se trouve réduite à une simple étape dans ce même processus qui les a vus naître. Alimentant ainsi la problématique plus que la solution.

Or, vouloir endiguer la violence politique avant de tarir ses sources créatrices et nourricières revient à vouloir cogner sa tête contre le mur sans avoir mal. Pis la répression tous azimuts pour s'en prémunir est aussi insensée que menacer le dit mur de cogner encore plus fort si douleur se fait sentir.

D’où le ridicule d’espérer aujourd’hui battre l’État Islamique avant d'abattre le régime Assad. Ou d'assurer un avenir et une stabilité en Égypte avant le retour à la légitimité et la libération de l'ancien Président démocratiquement élu.

De même les tensions resteront tendues dans les relations internationales, notamment entre Orient et Occident, tant que le Peuple palestinien n'a pas recouvré ses légitimes droits à l’indépendance, la sécurité et la justice.

C'est que, les lois de la physique sont formelles, la réaction suit inexorablement l'action et elle ne peut en aucun cas s'en départir.

Et c'est ici que la responsabilité morale collective se doit de fusionner avec le bon sens pour dénoncer et combattre toute oppression. Si ce n'est pas au nom d'une valeur commune, cela doit-être du moins au nom de l’intérêt général des uns et des autres.

Le chaos syrien est en effet là, telle une plaie béante, pour nous rappeler que, d'une part, aucun conflit est loin ou secondaire et que, de l'autre, tout pourrissement engendrera inexorablement des explosions incontrôlables dont les fracas attenteront à la sécurité de toutes les capitales du monde. L’échelle maléfique sera encore grande si l’Égypte vient à exploser demain. Car toute l'Europe, l'Afrique et même l'Asie mineure se trouveront affectées directement et irremediablement.

Toujours est-il que l'on doit garder en tête le bon degré de dangerosité dans ces processus destructeurs, ébranlés souvent en grande vitesse. Car comme le visible bouton de fièvre est le signe d'un état fiévreux causé par un virus qui ne l'est pas à l’œil nu, les mouvements violents ou terroristes sont d'abord l'ombre visible d'une grave maladie de l’État et son système de gouvernance.

Une fois cette maladie soignée ou du moins son « facteur déclenchant » traité, le dérangeant bouton disparaît, jamais l'inverse.

Et ce «facteur déclenchant» est bien l’oppression et l'injustice. Il peut être en dormance comme il peut-être en activité.

Quoiqu'il en soit, ''Quand on enferme la vérité sous terre, elle s'y amasse, elle y prend une force telle d'explosion, que, le jour ou elle éclate, elle fait tout sauter avec elle" (J'accuse !, Émile Zola).

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