Grèce : La Leçon de trop!
La Grèce est à l’Europe ce qu’est l’âme au corps. Quand elle le quitte c’est qu’une mort certaine s’en est déjà emparée.
Et cela n’est pas seulement parce qu’elle l’a éduquée, inspirée et mise sur les rails de la brillante trajectoire que le monde entier lui reconnaît aujourd’hui.
Mais plutôt parce que, des Sciences aux systèmes de gouvernance en passant par les arts et les cultures, elle est, d’une manière ou d’une autre, à l’origine de tout.
Dès lors comment peut-on expliquer que cette muse grecque tant magnifiée s’est soudainement transformée en maudite méduse à abattre de toute urgence?
L’explication tient en un mot : l’économie. En vérité ce n’est pas pour rien que cette discipline est l’une des rares que les Grecs n’ont pas initié au départ. Le signe est peut-être, là, criant. Pourtant cette inconnue à l’Académie a fait la fortune de bon nombre d’entre eux sous une forme particulière : marine marchande.
On est allés même jusqu’à dire que les armuriers sont en Grèce ce que sont les footballeurs au Brésil. C’est ainsi que le Grec le plus célèbre-Onassis-fut un armateur, de même que le Brésilien le plus fameux-Pelé- est un footballeur. Raison de plus de bien s’accommoder avec la notion de l’Etat moderne qui, selon les gourous du libéralisme économique, n’est d’autre qu’un navire marchand condamné à rester à quai depuis la révolution industrielle.
Pour preuve, il suffit de savoir que les drapeaux d’aujourd’hui qui, en France-Angleterre-Amérique-Australie, flottent fièrement sur les bâtiments publics ne sont à l’origine que des pavillons maritimes jadis hissés sur la mâture ou l’arrière des navires marchands desdits pays.
Autant penser donc que les Grecs se sont enfin réconciliés avec cette discipline qui, aujourd’hui encore, regardent avec beaucoup de dédain et méfiance. Pas si sûr! Car, en usant à outrance de ce système de complaisance qu’est le Pavillon étranger, ils ont introduit un terrible cheval de Troie dans la citadelle libérale. Et pour cause, cette gigantesque escroquerie fut, en suite, généralisée par l’intermédiaire de la mondialisation à l’argent, aux usines de même qu’aux personnes et c’est ici que résident les racines de la déroute économique contemporaine.
Dès lors, On peut dire que les Grecs, inventeurs du Scepticisme, ont voulu, certes à leur dépend, nous montrer les failles de ce phénomène socio consumériste érigé-à tort?- en science exacte que l‘on appelle outrageusement l‘Economie. C’est-là, en somme, la dernière leçon d’une nation qui, depuis les origines, s’est donnée pour mission d’éduquer les autres. Quitte à qu’elle soit la leçon de trop.