La mère de toutes les batailles

Publié le par Cide

 

L'ennemi, une fois connu, ne s'esquive point. Au contraire, bec et ongle, il s'affronte. Le notre, tout le monde le connait. C'est la corruption et ses dépendances : le mépris de la Loi et l'appropriation des biens publics. Et si le terrorisme est un nouveau fléau qui, à juste titre, mérite une levée de bouclier générale, la corruption, elle, est une vieille calamité bien enracinée au tréfonds de l' âme humaine. Elle tire les sociétés vers l'abime de l'individualisme et la marchandisation des valeurs. Elle est l'alpha et l'oméga de la décadence morale et le sous développement économique. Pis,  là ou elle s'incruste, aucun progrès n'est à espérer et, inversement, là ou elle s'éradique, tout devient possible. Et, au delà de l'histoire, en Mauritanie, cette âpre vérité est la seule leçon que l'on peut tirer après un demi siècle d'indépendance. C'est dire à quel point le défi est de taille. Pour notre pays, cette lutte est la mère de toutes les batailles. La gagner, tout commence. La perdre, tout est fini.

 

Et dans cette mêlée, l'État, toutes légions confondues, doit s'engager corps et âmes. Juridiquement, d'abord, avec la présentation d'un projet de Loi anticorruption qui, à ne pas en douter, fera l'unanimité dans le parlement. La sensibilisation, ensuite, des fonctionnaires de l'État sur ce fléau en mettant l'accent sur sur les bons moyens pour son éradication. La récente expérience marocaine en ce domaine est intéressante à plus d'un titre.

Cela dit, comme disent les militaires, frapper l'ennemi c'est bien, frapper l'imagination c'est mieux. Et c'est ici qu'un effort considérable doit-être fourni. Car notre ennemi n'est pas comme les autres. Invisible, il est insaisissable. Sournois, il nous est souvent plus proche que l'on pense. Il est mouvant, adaptable et il a tout, dans notre pays, a son avantage. Il est tout un chacun de nous, il est le peuple tout entier. Seulement, ce dernier a ceci de singulier : tel un enfant, il ne comprend que par l'exemple, il ne craint que la punition et il ne coopère que pour la récompense.

 

Justement, le Président Aziz, a, maintenant, la possibilité de lui fournir l'exemple, la punition et la récompense. Qu'il profite, alors, de la reconnaissance nationale et internationale ainsi que de la manne financière pour, de nouveau, rééduquer le peuple mauritanien sur le respect de la République et ses attributs. Qu'il donne l'exemple, le grand exemple. Autrement dit : coffrer des noms riches et bien connus ; punir des grands poissons de la délinquance financière et récompenser, entre autres, le policier de l'aéroport qui, en refusant le pot de vin proposé par le touriste européen, a fait honneur à sa fonction, sa patrie et a défendu les intérêts de son peuple. C'est uniquement par des petits pas de cette nature que les peuples évoluent.

 

Ce défi existentiel est surmontable. Certes, avec beaucoup de travail et de sacrifice. Mais, une occasion historique s'offre actuellement à la Mauritanie. Saisissons-là tous : officiels, militaires, société civile et, bien évidement, intellectuels, pour construire une future Mauritanie juste et équitable.

 

En somme, la Mauritanie sera non corrompue ou ne sera pas. Et cela sera décidé à l'issu d'une grande bataille anti corruption qui est, pour notre pays, la mère de toutes les batailles.

 

 

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