Françafrique : de la politique au cousinage à plaisanterie

Publié le par Cide

 

 

 

L'humour, c'est déjà dit, est un art d'exister. Il se développe, donc, et s'affine au fur et à mesure de la difficulté de l'existence. Et ce n'est pas par hasard que vous le trouveriez, plus qu'ailleurs, chez les persécutés ou, en général, chez les accidentés de la condition humaine. Il est alors tout a fait logique qu'il ait un humour noir, comme il eut, jadis, un humour juif.

Et l'homme noir y excelle au point d'inventer un type d'humour qui lui est propre: la parenté à plaisanterie. Pour ceux qui ne connaissent pas encore le concept, cette parenté permet à des clans spécifiques, se nommant mutuellement cousins à plaisanterie, d'échanger des mots durs, voire insultants, en toute cordialité, sans que cela dégénère en conflit meurtrier.

Cette vieille prouesse social- antérieure à l'empereur Soundiata Keïta- contribua, plusieurs siècles durant , à la consolidation de la paix et la stabilité sociale et  politique en Afrique. Elle permit, en effet, à tout le monde de vider son sac en toute légalité tout en lui garantissant que ses dires ne seront que bien accueillis.

 

La Françafrique , elle, n'est pas à définir. Elle est connue de tous. Et, reconnaissons-le, elle est capable du meilleur comme du pire. Seulement, depuis peu, il semble que le meilleur est derrière nous. Autrement dit, on titube, ces temps-ci, dans ce qu'elle peut produire de pire. Depuis que la France a, par je ne sais quel miracle, élu un certain Nicolas Sarkozy. L'homme est particulier. Sa politique a lui est, comme avait prédit Napoléon, dans sa géographie : Neuilly, l'équivalent de notre Tevregzeina ; là ou les Hommes sont légers en moralité et en culture mais gros en poids et en argent.

 

Dès prise de fonction, Il s'est envolé léger, comme tout, vers Dakar pour exprimer, de près, à l'Afrique ainsi qu'aux africains tout le mépris que le fameux discours de Dakar peut contenir. Un discours qui peut-être résumé par : moi y'en a marre, toi africain barbare, sors de ta caverne et rentre dans l'histoire ( la rime est de moi). Et pour joindre l'acte à la parole il a relégué la politique africaine de la France à un niveau second, celui des entreprises. Désormais, des avocats affairistes et des chefs de cabinets carriéristes font la pluie et le beau temps en Afrique. Ils y maintiennent des dictatures dociles et y renversent à volonté des régimes légitimes récalcitrants. Les rouages de l'État de droit, qu'il soit en France ou en Afrique, sont, ainsi, court-circuités par des hommes au-dessus de la loi, ne répondant qu'à leur envie de s'approprier ou de conquérir. Une continuation de cette obscène orgie politico-financière qui secoue actuellement le pays de Robespierre qui, à son époque, coupa les têtes pour beaucoup moins que cela.

 

Les Wolofs, fières comme des lions, ne se sont pas fait attendre. Ils ont répondu par leur géant de Dakar qui, à première vue, représente la renaissance de l'Homme noir. De plus prés, on y voit un enfant et une femme. L'enfant pointe son doigt vers l'atlantique pour symboliser la traite triangulaire. La femme, elle, lance un doigt inquisiteur vers la France et sa colonisation, son refus de reconnaissance de l'apport de l'homme africain ainsi que cette malhonnêteté dans les rapports qui caractérise sa politique avec le continent. C'est la réponse de l'Afrique à son nouveau cousin à plaisanterie : la France.

 

Cependant, l'entente affichée par les intéressés durant le défilé du 14 Juillet, prouve, elle, que tout le monde a bien pris les paroles de l'autre. Que tout le mode respecte les coutumes de ce nouveau cousinage à plaisanterie qui semble se substituer, lentement mais surement, à la politique de la Françafrique qui, à défaut d'avoir des hommes politiques pour la mener à bien, sombre dans le néant.

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