La chute de Damas : la ruse du diable ?

Publié le par Cide

Ah ben, ça alors !Eh bien, oui, on vient juste de comprendre. Et pourtant, ce n'est pas que l'on s'en doutait depuis quelque temps. Mais parce-que les dernièrs rebondissements sur la scène syro-irakienne ne laissent désormais aucun doute que l'Amérique parie sur une victoire de l'Organisation de l’État Islamique en Syrie.

D' une part, cela lui garantira la continuité de la guerre afin d’anéantir définitivement tous les protagonistes de ce conflit meurtrier, y compris les futurs vainqueurs ; par ses actions et sa politique barbare l'Organisation fera en effet inévitablement l’unanimité contre elle.

D'autre part, l’Amérique contournera ainsi malicieusement la solution locale, celle qui semble faire le consensus entre les trois États sunnites- Arabie saoudite, Turquie et Qatar- à savoir une victoire, devenue elle aussi plausible, de leurs alliés sur le terrain, dispersés entres les trois autres composantes majeures de l'Opposition syrienne au régime de Bachar El Assad : le Front en-Nosra, Jeich el Veth et l’Armée syrienne libre.

Sur ce point particulièrement, l'Administration Obama a appris à ses dépens tous les avantages qu'un État peut se soutirer du moment que ce sont ses propres alliés qui rentrent victorieux les premiers dans une Capitale chancelante. Le souvenir de la Tripoli de feu Khadafi est encore vivace pour leur rappeler aussi les désagréments que le contraire peut engendrer, notamment quand les Français et les Qataris ont précipité sans accord préalable la chute de la capitale libyenne aux mains de leurs alliés, les milices de la ville de Misrata.

En vérité, l’Amérique compte remédier à l'absence d'un camps fort et loyal qui lui est inféodé et qui défendra ses intérêts dans l’après Assad par l'affaiblissement total de toutes les parties. L'idée est certes cynique et inhumaine mais c'est un coup de diable efficace et surtout peu coûtant, sauf, argument secondaire peut-être, en vies humaines syriennes.

Elle lui permet en tout cas de marquer un second point, après le premier qui consistait à défendre bec et ongle les Kurdes à Kobané ou dans le Kurdistan irakien.

Ligne rouge que l'Organisation islamiste a bien fini par entériner implicitement suite au déluge de feu aérien qui s'abat sur ses soldats à chaque fois qu'ils s'approchaient des positions kurdes.

Ce sera la même chose pour la côte syrienne et son pays alaouite. En somme, seuls les chemins de Damas sont surs. Leurs cieux sont en effet cléments et vides de tout appareil nuisible de quelque nature soit-il.

Un véritable blanc-seing aérien en faveur de l'Organisation du moment qu'elle s'attaque aux Forces syriennes, irakiennes, voire même du moment qu'elle s'en prend aux autres factions de la rébellion anti-Assad.

En fait la rapide prise de la ville antique et stratégique de Palmyre donne à l'Organisation de l’État Islamique un bon élan pour une envolée finale vers Damas. Grand avantage que, pourtant, les avions américains n'ont pas daigné lui disputer bien qu'il fut prévisible et même annoncé, surtout que c'est bien faisable eut égard de la nature géographique plate et dégagée de la campagne syrienne.

Or, sauf nouvelle donne radicale peu probable aujourd’hui comme un engagement total et directe de l'Iran, le seul suspense qui persiste encore c'est de savoir laquelle des fractions rebelles rentrera la première dans la Capitale syrienne symbolisant ainsi une victoire à la Pyrrhus sur le régime Baathiste, pourri jusqu’à l'os de ses sanguinaires dérives autoritaires et confessionnelles.

Et c'est uniquement à l'aune de cette lecture que l'on arrive à comprendre l'axiome moult fois assené par la Maison blanche : « on ne peut vaincre Daesh avant la chute d'Assad ».

C'est que la valse est bien minutée et chaque chose en son temps. Assad, d'abord, grâce à Daesh. Daesh, en suit, grâce aux autres. Et, en fin, le Peuple syrien à cause de tout le monde. Une valse macabre à quatre temps que seul un diable maléfique peut concevoir et, pire encore, mettre en pratique.

Et paradoxalement, ce régime syrien qui a tout fait pour renforcer l’État islamique afin de jeter le discrédit sur la révolution syrienne, pariant sur une réaction épidermique en sa faveur de l’Amérique, se trouve aujourd’hui pris dans son propre piège. C'est que Barak Obama est un diable. Et que la plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu'il ne comprend pas.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article