Pire que les Khawarij ( الخوارج), les Dawakhil (الدواخل ) sont les fossoyeurs premiers de l'islam

Publié le par Cide

Le monde de l'islam est tourmenté. Et ce constat ne date pas d’aujourd’hui. Et bien qu'il fait l’unanimité de tous, ses causes restent cependant sujettes de controverse.

Tout le monde va de son grain pour tenter d'expliquer ces malheurs répétitifs qui frappent nos contrées endeuillées. Et les explications, excuses ou justifications ne manquent point.

Du retard historique à la colonisation en passant par les éternels méchants de l'aire musulmane, les Khawarij, toutes les explications sont bonnes à dire, à prendre ou à donner.

Comme si ce retard ne s'explique pas, ou comme si notre « colonialisabilité » ne fut pas conséquence de quelque chose tout comme par ailleurs l’émergence de ces mêmes Kharidjites.

En fait, toutes ces explications s’arrêtent brusquement là ou normalement elles devraient commencer. Car il y a bien un lien commun entre ces trois sources supposées de notre subsidence civilisationnelle et religieuse.

Cela étant dit une chose est néanmoins certaine : comme tout affaissement, l’écroulement a commencé verticalement, du haut vers le bas, plus précisément. Autant dire que la déroute ne vient que de ceux-là même à qui la responsabilité incombe au premier lieu à savoir les dirigeants religieux et politiques du Monde musulman.

Cette vérité n'est pas nouvelle, elle est même l'unique constante sur plus de quatorze siècles d'histoire.

Cependant l'islam, grande matrice moraliste et légaliste, étant par essence salvateur, le problème n'est et ne peut-être donc que d'ordre politique.

Seulement qui dit politique s'en remettra vite à l’évidence que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Et, en vérité, la cause principale de dissension dans le Monde islamique est cette vieille mixture de despotisme népotique colorée grossièrement par le vernis de l'islam et qui prend une place de choix dans un long chapelet de facteurs de division et par conséquent de déclin.

Mixture concoctée par une pléiade d'alchimistes hors pairs passés maîtres dans l'art de se rendre utiles voire indispensables pour légitimer ce qui est usurpé et légaliser ce qui est interdit.

Et de cette alliance de fait entre ceux qui possèdent tout sauf la légitimité et ceux qui n'ont rien à part la Loi, naîtra très tôt ce concept religieux qui nous gouverne depuis longtemps.

Celui-la même que je nomme ici le Dakhilisme, de ce verbe arabe Dakhele ( دَخَلَ , entrer).

De qui allait naître, en effet, cette secte religieuse de « Dawakhile », les Entrants, qui s'est avérée la plus nocive et la plus opportuniste de toutes.

Car contrairement aux désormais célèbres Khawarij, Sortants, qui, eux, ont combattu ou boycotté tous les régimes islamiques, les Dawakhile s'associent, eux, à tous ces régimes, rentrant dans leurs palais et cherchant avec eux, à tout prix, consensus et coopération.

Allant même jusqu’à tout relativiser ou tout dévoyer pour ne pas déroger à cette règle de connivence devenue au fil des ages leur seule raison d’être.

Autant dire qu'entre ceux qui, par puritanisme exclusif, ont tout refusé et ceux qui, par entrisme réconciliateur, ont tout accepté l'avenir de l'islam et des Musulmans est pris en otage par des pouvoirs aussi illégitimes que despotiques, décidés néanmoins à tirer profit des uns et des autres.

Et ce trio maléfique se renforce mutuellement tels les trois extrémités d'un cyclone ravageur.

C'est dire aussi qu'ils sont à combattre tous, simultanément et catégoriquement. La dangereuse illusion d'alliance objective n'est ici qu'une chimère, tellement ces trois calamités se renforcent en vases communicants.

Reste à préciser cependant que l’œil du cyclone est bien ces régimes despotiques qui mettent en orbite les deux autres.

Car par définition, point de Kharidjisme sans le fameux arbitrage proposé malicieusement par Amr Ibn el Ass afin de favoriser son Chef et allié Muawiya.

Et bien que l'on peut croire que le Dhakilisme, représenté ici par Amr, précéda le Kharidjisme, la genèse de ces deux partis se réduit elle cependant au fameux paradoxe « Qu'est-ce qui est apparu en premier : l'œuf ou la poule ? » tellement ils sont indissociables.

Depuis pour les uns, l'islam se résume à la simple volonté du Prince tandis que pour les autres il est le refus de tout consensus fut-il consultatif ou démocratique et tout cela verse dans le renforcement de ces régimes d'exception, qui tire profit à la fois de la magnanimité des premiers et aussi de la maladresse des seconds.

D’où cette étrange et difficile équation à un inconnu prenant trois noms différents. Inconnu qui, au départ, prendra la forme d'autoritarisme politique puis, au fur et à mesure, se renforcera par légitimation religieuse avant de finir radicalement dans une violence mortifère sans fin. Pourtant sans une solution trouvée en toute urgence, point de salut.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article