Le Procès Verbal
Les événements qui se sont succédé depuis deux jours en Mauritanie doivent nous être riches en enseignement. D’un état démocratique considéré même, certes avec exagération, comme modèle pour le tiers monde, on est passé à un état turbulent mis au banc de la société internationale. Et pour lequel, celle-ci doit se pencher à son chevet, de nouveau, pour le sortir de sa tentation suicidaire.
Les raisons avancées ici ou la pour justifier ce qui s’est passé le 06 aout 2008 ne sont pas recevables. Si la démocratie stipule que le pouvoir appartient au plus populaire, elle ne conditionne, en aucun cas, que celui-ci doit être le plus compétent. Il suffit, pour s’en convaincre de voir le lot des présidents démocratiquement élus de par le monde.
Dire aujourd’hui qu’on ne savait pas tout sur le Président Sidi est une hypocrisie lamentable. Dire aussi qu’on est surpris par sa gouvernance en est une autre. Pire que tout, dire que ca lui enlève sa légitimité est une profonde méconnaissance des règles de la démocratie. Et pour cause : l’homme est mandaté par le peuple mauritanien, et seul celui-ci est habilité à le révoquer. Comme tout système nécessite des règles incontournables, la règle suprême de la démocratie est l’absolue légitimité de tout ce qui sort des urnes du suffrage universel. Et la présidence de Sidi en est une.
Voir des élus républicains et, de surcroit, d’opposition manifester pour appuyer des généraux putschistes est une hérésie inexpiable de la religion démocratique. Elle nous prouve que les lendemains risquent d’être plus sombres.
La situation étant ce qu’elle est aujourd’hui, on ne peut que mettre en garde les nouveaux maitres du pays de toute volonté de s’éterniser au pouvoir. Ce qui est pris par des armes, peut rapidement être récupéré par d’autres. Ce soir en Mauritanie, personne n’est légitime la ou il est. De l’opposition, au parlement, en passant par le gouvernement et l’armée tout est entaché d’une profonde irrégularité. Cette irrégularité ne se corrigera que par la remise en place du président Sidi ou par la convocation du peuple mauritanien pour lui choisir un remplaçant.